Description du produit
Extrait
Extrait de l'avant-propos
«Quand le peuple voudra...»
«Quand le peuple voudra, le destin s'inclinera !» C'est en citant cette phrase du poète Abou el-Kacem Chebbi que, le 17 janvier 2011, à Tunis, un jeune manifestant me résumait le souffle et l'esprit de la révolution qui, trois jours auparavant, venait de chasser le président Zine el-Abidine Ben Ali de son palais de Carthage, après vingt-trois ans de despotisme.
D'une rapidité foudroyante, la première révolution arabe s'est déroulée en quatre semaines. Elle a bouleversé en profondeur le Maghreb, le monde arabe et la vision que l'Occident se faisait de l'Orient.
Le 17 décembre 2010, à la suite du suicide par le feu de Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur de fruits et légumes à qui la police venait d'interdire sa pauvre activité, l'émeute a embrasé Sidi Bouzid, la ville natale du désespéré, au centre de la Tunisie, dans une région délaissée du pays, avant de gagner les grandes cités et la capitale. La colère sociale s'est muée en soulèvement politique, au fil d'une répression sanglante qui a fait deux cent quatre-vingt-quatre morts et plus de cinq cents blessés ! Toutes les couches de la société tunisienne ont fini par rejoindre le mouvement dans cette imprévisible et irrésistible houle d'unité qui transforme une révolte en révolution.
Une semaine avant ce 14 janvier 2011 qui vit le destin basculer, je m'envolais pour Tunis. Je venais d'achever une première version de cet essai, sous le titre provisoire Les Révolutions trahies : celles que les régimes tunisien, algérien et marocain avaient bafouées sans scrupule, chacun à sa manière, en piétinant les engagements passés, sacrifiant l'avenir des populations à leur appétit de jouissance, d'or et de domination.
En riposte, une vraie révolution se levait. Nul ne l'avait prévue. Le peuple tunisien prenait de court ses oppresseurs comme ses amis. Las de se voir confisquer la liberté et la justice, il entendait donner à tous une nouvelle leçon d'histoire. J'en devins dare-dare l'humble étudiante, sur le tas, au fil des cortèges, des slogans, des gaz lacrymogènes, des attaques de miliciens et des renversements d'astres. Enfiévrée d'espérance, malgré les périls qui guettaient le défi tunisien. La volonté démocratique, l'insurrection anti despotique franchiraient-elles les frontières ? L'Égypte a pris le relais dans les semaines suivantes. L'Algérie, le Maroc, demain, allaient-ils forcer le destin ?
Les déshérités tremblent d'espoir et les repus d'effroi. Ce bouleversement n'était-il pas inscrit dans la fracture abyssale qui les sépare ? L'histoire récente de l'Afrique du Nord ne ressemble que trop à la parabole du «fleuve détourné» par laquelle le romancier algérien Rachid Mimouni - mort en exil pendant la décennie de la terreur - évoquait la tragédie de son pays. Far trois fois, en Algérie et au Maroc depuis 1999, en Tunisie depuis 1987, les espérances populaires ont été détournées et trahies par les pouvoirs en place.
«Quand le peuple voudra...»
«Quand le peuple voudra, le destin s'inclinera !» C'est en citant cette phrase du poète Abou el-Kacem Chebbi que, le 17 janvier 2011, à Tunis, un jeune manifestant me résumait le souffle et l'esprit de la révolution qui, trois jours auparavant, venait de chasser le président Zine el-Abidine Ben Ali de son palais de Carthage, après vingt-trois ans de despotisme.
D'une rapidité foudroyante, la première révolution arabe s'est déroulée en quatre semaines. Elle a bouleversé en profondeur le Maghreb, le monde arabe et la vision que l'Occident se faisait de l'Orient.
Le 17 décembre 2010, à la suite du suicide par le feu de Mohamed Bouazizi, un jeune vendeur de fruits et légumes à qui la police venait d'interdire sa pauvre activité, l'émeute a embrasé Sidi Bouzid, la ville natale du désespéré, au centre de la Tunisie, dans une région délaissée du pays, avant de gagner les grandes cités et la capitale. La colère sociale s'est muée en soulèvement politique, au fil d'une répression sanglante qui a fait deux cent quatre-vingt-quatre morts et plus de cinq cents blessés ! Toutes les couches de la société tunisienne ont fini par rejoindre le mouvement dans cette imprévisible et irrésistible houle d'unité qui transforme une révolte en révolution.
Une semaine avant ce 14 janvier 2011 qui vit le destin basculer, je m'envolais pour Tunis. Je venais d'achever une première version de cet essai, sous le titre provisoire Les Révolutions trahies : celles que les régimes tunisien, algérien et marocain avaient bafouées sans scrupule, chacun à sa manière, en piétinant les engagements passés, sacrifiant l'avenir des populations à leur appétit de jouissance, d'or et de domination.
En riposte, une vraie révolution se levait. Nul ne l'avait prévue. Le peuple tunisien prenait de court ses oppresseurs comme ses amis. Las de se voir confisquer la liberté et la justice, il entendait donner à tous une nouvelle leçon d'histoire. J'en devins dare-dare l'humble étudiante, sur le tas, au fil des cortèges, des slogans, des gaz lacrymogènes, des attaques de miliciens et des renversements d'astres. Enfiévrée d'espérance, malgré les périls qui guettaient le défi tunisien. La volonté démocratique, l'insurrection anti despotique franchiraient-elles les frontières ? L'Égypte a pris le relais dans les semaines suivantes. L'Algérie, le Maroc, demain, allaient-ils forcer le destin ?
Les déshérités tremblent d'espoir et les repus d'effroi. Ce bouleversement n'était-il pas inscrit dans la fracture abyssale qui les sépare ? L'histoire récente de l'Afrique du Nord ne ressemble que trop à la parabole du «fleuve détourné» par laquelle le romancier algérien Rachid Mimouni - mort en exil pendant la décennie de la terreur - évoquait la tragédie de son pays. Far trois fois, en Algérie et au Maroc depuis 1999, en Tunisie depuis 1987, les espérances populaires ont été détournées et trahies par les pouvoirs en place.
Présentation de l'éditeur
L'Algérie, la Tunisie, le Maroc : trois pays qui nous sont proches. Leur histoire nous relie et leur présent nous concerne car des millions de Français en sont issus.De grandes espérances ont succédé, au Maghreb, à de grandes douleurs. En Algérie, après sept ans de guerre civile et cent cinquante mille morts, un rêve se lève avec l'élection, en avril 1999, d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence de la République. Au Maroc, la même année, l'accession au trône de Mohammed VI après la disparition de son père, le despote Hassan II, devait mener le pays vers une transition démocratique. En Tunisie, depuis novembre 1987, le président Ben Ali s'était engagé à poursuivre et renforcer l'héritage laïque d'Habib Bourguiba, le père fondateur de la modernité et de la nation tunisienne.
Or ces espérances qui devaient révolutionner l'existence des peuples ont été bafouées par les régimes en place. Dans quels buts et comment ont-ils procédé ?
Martine Gozlan explore les chemins de cette trahison en emmenant le lecteur dans les rues d'Alger et de Tizi-Ouzou, les foyers de Tunis et les faubourgs de Casablanca. Elle s'interroge sur les lourdes conséquences pour notre pays de la persistance des frustrations de l'autre côté de la Méditerranée : vertige de l'immigration et montée du fondamentalisme font des tensions au Maghreb un enjeu français.
Détails sur le produit
- Format : Format Kindle
- Taille du fichier : 584 KB
- Nombre de pages de l'édition imprimée : 300 pages
- Editeur : Archipel (16 mars 2011)
- Vendu par : Amazon Media EU S.à r.l.
- Langue : Français
- ASIN: B005ZQ9NKM
Lien Uploaded: Télécharger Tunisie, Algérie, Maroc, la colère des peuples
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